Les normes de la déficience visuel

Acuité visuelle

L’acuité visuelle constitue la performance de l’œil. Il s’agit de la capacité de l’œil à distinguer les détails. Elle se vérifie à l’aide d’un examen visuel consistant à lire des tableaux optométriques, d’abord sans correction, puis avec correction. Elle est généralement quantifiée avec des fractions de Snellen (du nom d’Herman Snellen, ophtalmologue néerlandais). Dans le système d’acuité visuelle de Snellen, le numérateur de la fraction représente la distance de vision entre le patient et le tableau. Aux États-Unis, cette distance est généralement de 20 pieds. Au Royaume-Uni, elle est de 6 mètres (donc 20/20 est égal à 6/6). L’acuité visuelle dépend de la macula, petite zone rétinienne centrale de moins de 2 mm de diamètre.

Champ visuel

Le champ visuel ou champ de vision correspond à la portion de l’espace que l’œil peut percevoir autour du point qu’il fixe quand il est immobile. Il dépend directement de la rétine périphérique, qui représente la plus grande partie de la surface rétinienne. Le champ visuel binoculaire s’étend sur environ 180° horizontalement et 175° verticalement, tandis que le champ commun aux deux yeux s’étend sur 120° de large.

Déficience visuelle

Au Québec, selon le Règlement sur les aides visuelles et les services afférents assurés (chapitre A-29, r. 3), une personne ayant une déficience visuelle « est, de façon permanente, incapable de lire, d’écrire, de circuler dans un environnement non familier ou d’effectuer des activités reliées à ses habitudes de vie ou à ses rôles sociaux ». La déficience visuelle se caractérise, « pour chaque œil, après correction au moyen de lentilles ophtalmiques […], par l’une des conditions suivantes : 1) une acuité visuelle inférieure à 6/21; 2) une acuité visuelle égale ou inférieure à 6/18 pour les personnes qui ont un problème de vision dégénérative, une déficience physique, que ce soit une déficience motrice, auditive ou du langage, ou une déficience intellectuelle; 3) un champ visuel continu inférieur à 60°, incluant le point central de fixation mesuré à l’horizontale ou à la verticale; 4) une hémianopsie complète. »

Cécité légale

Au Québec, selon le Règlement sur les aides visuelles et les services afférents assurés (chapitre A-29, r. 3), « est fonctionnellement aveugle, la personne ayant une déficience visuelle qui, après une correction au moyen de lentilles ophtalmiques, à l’exclusion des systèmes optiques spéciaux et des additions supérieures à 4 dioptries, ne laisse place, à chaque œil, qu’à une acuité visuelle égale ou inférieure à 6/120 ou qu’à un champ visuel continu inférieur à 10°, incluant le point central de fixation mesuré à l’horizontale ou à la verticale, et qui, dans l’un ou l’autre cas, rend la personne incapable d’utiliser de façon fonctionnelle les aides du mode de communication grossissement de caractères.
Est toutefois réputée fonctionnellement aveugle, la personne qui présente une vision fluctuante, un défaut du champ visuel ou de la sensibilité au contraste ou une pathologie dégénérative de l’œil, si cette vision, ce défaut ou cette pathologie la rend incapable d’utiliser de façon fonctionnelle les aides du mode de communication grossissement de caractères ».

Au Canada, Le Crédit d’impôt pour personnes handicapées (CIPH) précise les trois critères cumulatifs d’admissibilité :

  • La personne, pour les deux yeux, même après correction, a une acuité visuelle de 20/200 (6/60) ou moins sur un tableau optométrique ou son champ de vision est de 20 degrés ou moins.
  • La déficience visuelle est toujours ou presque toujours présente (généralement au moins 90 % du temps).
  • La déficience a duré ou devrait durer pendant une période continue de 12 mois.

Troubles visuels / affections de l’œil / pathologies oculaires

Il est nécessaire de distinguer les défauts ou troubles visuels des affections de l’œil et des pathologies oculaires.

Les défauts ou troubles visuels empêchent une personne de voir un objet net, mais peuvent être corrigés par le port de lunettes ou une intervention. Il s’agit de la myopie, de l’hypermétropie, de l’astigmatisme et de la presbytie.

Les affections de l’œil sont des maladies bénignes qui peuvent être traitées et n’entraînent pas de déficience visuelle. Parmi ces affections figurent la conjonctivite, les orgelets et les yeux secs.

Les pathologies oculaires sont des maladies qui atteignent l’intégrité de l’œil, requièrent un suivi important et peuvent entraîner une déficience visuelle. Elles peuvent être héréditaires, consécutives à un accident ou liées au vieillissement. Il en existe une quarantaine au total. L’APHV-GÎM propose des fiches présentant les pathologies les plus fréquentes chez ses membres :

Surdicécité

La définition de la surdicécité varie selon les auteurs et les pays. En 2014, deux auteurs européens ont publié une revue systématique visant à compiler les connaissances sur la surdicécité. Ils ont constaté que, sur toutes les études retenues, 50 % n’abordaient pas de définition et que, sur les 50 % restant, les définitions sont très hétérogènes.1

Au Québec, selon le Règlement sur les aides visuelles et les services afférents assurés (chapitre A-29, r. 3), « est atteinte de surdicécité, la personne fonctionnellement aveugle qui utilise le braille et qui, en raison d’une déficience auditive, ne peut compter sur aucune aide en mode sonore pour effectuer ses activités courantes ».

Plus largement, la surdicécité « est une condition qui combine une double déficience visuelle et auditive, à des degrés plus ou moins sévères, qui entrave la communication et l’accès à l’information. L’impact de chaque déficience est intensifié ou multiplié, puisqu’il n’y a pas de possibilité de compensation efficace des pertes. En raison de la complexité de leurs déficiences sensorielles, les personnes en situation de surdicécité nécessitent une approche spécifique »2.

Au Canada, on estime à 1 personne sur 3000 la prévalence de la surdicécité.

Difficultés liées à la vie quotidienne

Les personnes ayant une déficience visuelle font face à des difficultés dans plusieurs activités de la vie quotidienne. Les centres de réadaptation en déficience visuelle aident les personnes à développer les habiletés nécessaires pour une autonomie et une participation sociale optimales. Parmi les difficultés rencontrées, on trouve :

  • Les déplacements – Gestion de nouveaux environnements, des traversées, des obstacles et des imprévus ne sont que quelques-unes de ces difficultés. Pour les illustrer, le Regroupement des aveugles et amblyopes du Montréal métropolitain (RAAMM) a publié une banque dessinée intitulée Circulez-vous à l’aveuglette?, qui comprend également un texte de remplacement. Pour prévenir certaines de ces difficultés, l’organisme Accessibilité déficients visuels (France) a publié un billet intitulé Tous les secrets pour réussir la préparation des déplacements. Enfin, l’OPHQ compile des statistiques sur les déplacements des personnes handicapées au Québec.
  • L’accès à l’information – Sur le Web, contenus non textuels, structure défectueuse de l’information, formulaires inaccessibles et faibles contrastes figurent parmi les difficultés. Pour en savoir plus non seulement sur les problèmes, mais aussi sur les pistes de solution, consulter le site du Laboratoire de promotion de l’accessibilité du Web. Pour proposer des bonnes pratiques aux concepteurs de documents, les inviter à consulter Élaborer et produire des documents accessibles : un guide de bonnes pratiques, produit par l’Office des personnes handicapées du Québec (OPHQ).
  • La lecture et l’écriture – Ces deux dimensions de la littératie sont à la base de la scolarisation, mais aussi de l’intégration. Les personnes ayant une déficience visuelle, selon leur âge et leur condition visuelle, sont amenées à utiliser différents médias substituts (braille, caractères agrandis, sonore, électronique) ou à utiliser des aides techniques ou des aides informatiques adaptées. Plusieurs organisations de l’administration publique, ainsi que des institutions scolaires offrent la possibilité de se procurer, sur demande, les documents en médias substituts.
  1. Ask Larsen, F., et Damen, S. (2014). Definitions of deafblindness and congenital deafblindness. Research in developmental disabilities, 35(10), 2568–2576. ↩︎
  2. Institut Nazareth et Louis-Braille. (2012). La communication entre personnes ayant une surdicécité : comment la faciliter?, 21 p. ↩︎